Si la guerre est une matière trop sérieuse pour être confiée aux militaires, pour paraphraser Clémenceau, il semblerait que l’éducation nationale ait « pris le pli » et que si ses professeurs sont souvent de grands pédagogues et des éducateurs zélés, la machine administrative qu’est devenu leur ministère de rattachement a besoin de se revivifier par des acteurs exogènes. Il est certain que l’éducation de nos enfants ne peut être laissée au hasard, et que si elle exige parfois des audaces (comme inscrire ses enfants dans une école en lancement par exemple…), elle doit s’appuyer sur des socles fondamentaux hors desquels un risque est sciemment encouru. L’objet de cet encart n’est pas de faire le procès d’un système, ou de juger ceux qui choisissent de s’y conformer. Non, il s’agit là de réfléchir, de poser des concepts et d’en tirer un enseignement, puis (donc) des actes.
Un groupe de parents a donc décidé de réfléchir en femmes et hommes d’action, et d’agir en hommes et femmes de pensée. En conscience. Et leur conscience leur a dicté qu’ils avaient à rechercher dans la scolarité de leurs enfants des principes qu’ils ne parvenaient pas à trouver ailleurs. Non qu’ils envisagent que leur alliance éducative soit parfaite, mais ils espèrent qu’elle le sera… en ayant conscience que toute entreprise humaine souffre de l’obscurcissement qu’induit nécessairement et malheureusement le péché.
Ces principes, intelligence, foi, affection, leur semblent des principes éducatifs fondateurs, qu’ils essayent d’appliquer dans leurs familles et qu’ils souhaitent voir appliquer à l’école, pour jouir d’une complémentarité entre l’école et la maison. Ils ne sont pas si loin des vertus théologales…
Les objections souvent émises, engageant les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, sont doubles: la crainte d’une coupure du monde réel, d’un cocon maternant les enfants, et celle de l’absence de témoignage dans le milieu scolaire, de la foi dont la plupart des enfants du collège ont la chance de vivre chez eux. Mais pas forcément tous, et certainement pas de la même façon, les approches religieuses étant fonction des familles.
A chacun, suivant ce qu’il sait ou croit savoir de son enfant, de prendre sa décision.
Un guerrier est-il envoyé au combat sans entraînement, un musicien commence-t-il l’apprentissage d’un instrument par un concerto de Mendelssohn? Pourquoi ce qui nous parait évident semble-t-il abscons à ce point dans certains cadres. Nos enfants doivent être formés avant d’affronter le monde qui reste un combat, malgré les contrats sociaux établis, ou peut-être parce qu’il s’étiolent à mesure que se délite la tradition chrétienne dans le génome collectif. Il n’est guère que l’EN pour envoyer sans apprentissage pédagogique certains enseignants à des classes dans lesquelles la discipline remplace dorénavant l’enseignement, faute de contrat justement, entre les parents et les enseignants, puis entre les enfants et leurs professeurs.
Encore faut-il que cette confiance entre les parents, les enseignants et les enfants soit manifeste et totale. Le recrutement de professeurs adhérant au projet pédagogique garantit a minima ce contrat nouveau établi comme continuité de la vie à la maison. L’école n’est pas la rupture visant à extraire des enfants toute l’identité que les familles forcément transmettent, mais doit être un lieu de transmission du savoir, lieu de respect de l’autre puis d’apprentissage de la vie commune. « C’est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice « , avance Hannah Arendt, dans la condition de l’homme moderne.
Le mot est lancé: « conservatisme ». Et celui-ci permettrait donc la vraie liberté, celle de choisir un jour, d’innover… bref de ne pas être susceptible de basculer dans l’abrutissement des masses générant les vrais dangers (pour reprendre deux dernières fois Hannah Arendt, « la société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs », « les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés »…) Non le conservatisme et les vieilles méthodes ne sont pas systématiquement « nauséabonds ». Rappelons nous comme aimait à le dire Yves de Chartres que nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants; ceux-ci nous ont précédé et transmis ce que nous avons la charge de faire fructifier et de transmettre à notre tour. Créons, ou re-créons « l’éducation responsable »!
Alors oui, tant que nous en aurons la liberté, nous revendiquerons avec tous ceux qui s’associeront à ce projet comme nous nous associons aux dizaines d’écoles hors contrat qui ouvrent lors de cette rentrée scolaire, et pas seulement pour une histoire de rythmes scolaires, la liberté de choisir le type d’éducation que nous souhaitons pour nos enfants, conformément à l’Article 26-3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies:
« Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »